jeudi 17 mai 2007

Dire ou ne pas dire..

Je me sens à l'aise avec les mots. Je peux parler pendant longtemps de mes émotions, sentiments, et mes sensations. Je les analyse, les décris, les ressasse, encore et encore, jusqu'à ce que je les comprenne, ou pas, ou que je laisse tomber.

C'est douloureux, car c'est un travail laborieux sur soi même. Un travail d'écoute attentive, d'analyse profonde, et de l'émotion, de sa cause, de son impact et de ses conséquences. Parfois je découvre des choses que je n'aime pas particulièrement, ou alors des choses qui me font honte, qui me font mal, qui me rassurent, ou qui me rendent fière de moi même.

C'est déroutant aussi, car je réalise des fois que ce que je croyais ressentir est en fait beaucoup plus simple, plus facile à gérer et à cerner que ce que je m'imaginais, quand je n'accordais pas assez de temps à cette petite voix qui ne cesse de me parler (ma conscience, ou mon subconscient, et non, je ne suis pas schizophrène:) ).

D'autres fois, je réalise que mon inconscience ou mon manque de discernement allaient me faire passer à coté de quelque chose de très important, de très profond, et de très beau.

Mais il m'arrive également de revoir mes idées, mes relations et mes actes et paroles quand je réalise qu'une action, une parole, un mot, un regard, peuvent me troubler, me blesser profondément, voir me torturer ...

Sans parler des fois ou j'ai beau essayer de comprendre, je n’y parviens pas. Les émotions et sensations sont si complexes, si difficiles à déchiffrer que je me lasse de vouloir les comprendre, et que je laisse ça au temps.

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais je trouve que cette complexité est une richesse. C'est à travers ces sensations et cette volonté de se sentir bien, heureux, en paix avec soi même, que nous évitons les émotions et sensations négatives, que nous faisons nos vies.

Partager ces émotions avec d'autres personnes, (à part les personnes les plus proches et les plus fidèles qui vous comprennent à demi mot), n'est pas facile, vu que vous mettez votre âme à nu.

C’est une preuve de confiance et de courage que certains prennent pour de la faiblesse, ou du génie.

J'ai tendance à dire aux autres ce que je ressens, j'aime partager mes émotions. Pas systématiquement bien sur, mais je le fais souvent. Et j’aime ça.

Je crois fermement que la vie serait mieux si on pouvait dire aux gens qui nous sont importants ce que nous apprécions chez eux. Le message passe également à travers les gestes.

Regarder quelqu'un et lui sourire, le/la regarder dans les yeux, parcourir son visage pour marques ses traits dans notre mémoire, toucher, même subrepticement sa main, sa joue, son sac ou son manteau, humer son parfum, sa présence, lui faire savoir qu'on l'apprécie et qu'on aime être en sa compagnie. Ca peut être notre mère, père, meilleur(e) ami(e), comme ça peut être une personne spéciale, un(e) partenaire pour la vie ou pour un bout de chemin.

Ca peut également être le bébé des voisins que vous trouvez particulièrement craquant ou un animal que vous aimez profondément.

Au fait, j'ai beaucoup de peine pour les personnes qui n'arrivent pas à exprimer ce qu'elles ressentent, ou qui n’arrivent pas à faire confiance aux autres et partager leurs pensées avec eux. Ca doit être frustrant, et pour ces personnes, et pour celles de l’autre coté.

Je les comprends totalement, ce n’est pas facile, c’est très douloureux et peut paraître insurmontable pour les personnes qui n’y sont pas habituées, et ça donne l’impression d’être vulnérable, extrêmement vulnérable.

On sent, et je parle de ma propre expérience, que l’on se jette dans le vide, qu’on saute, sans savoir si on a un parachute, s’il marche (sait on jamais), si le vide est en fait aussi haut qu’une marche d’escalier ou un gouffre interminable. Mais on saute quand même, et je ne saurais vous dire pourquoi. On saute wsafi, sans se poser beaucoup de questions. Parce qu’on sait que c’est la chose à faire.

J’estime que c’est une question de confiance, d’affection, et de respect aussi. Car quand on partage nos émotions avec l’Autre, on lui permet de nous connaître, on lui donne l’accès à notre monde intérieur, pour quelques minutes, ou plus. C’est intime, fort, et poignant.

Merci de m’avoir inspiré ce texte.

Toute ressemblance avec des personnes existantes, à part moi même, ou ayant existé n’est que fortuite. :)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
La vie serait autre si on pouvait faire exactement ce que tu décris si bien. Le monde serait meilleur car en effet une grande partie de nos malaises vient non pas de l'incompréhension mais de l'incommunicabilité de nos pensées et surtout de nos sentiments. Mais alors est ce le monde tel qu'il est fait qui nous empêche de communiquer nos sentiments (bons ou mauvais) ou bien est-ce parce que nous avons cessé de communiquer nos sentiments que nous avons produit un monde tel que celui dans lequel nous vivons? La réponse bien entendu n'est pas simple et tient surement d'un mix des deux. Mais en tous cas je souscris à tout ce que tu as dit. Qu'il est bon de pouvoir dire ce qu'on ressent, qu'il est bon de soulager aussi bien sa conscience que son coeur. Qu'il est bon de ne pas toujours tout garder pour soi. Cela n'a pas besoin de passer par de grandes déclarations, de longs discours. Cela passe parfois par des signes et des gestes simples mais qui en disent longs. Ils traduisent la spontaneité du sentiment et donc sa véracité, un peu comme le sourire d'un enfant. Les enfants ne mentent jamais quand ils sourient. Qu'il est merveilleux parfois de pouvoir sourire à un/une inconnue ou de se voir sourire en retour. Parfois il m'est arrivé d'avoir les meilleurs débuts de journée simplement parce que dans le metro mon regard a croisé un autre regard et deux sourires s'en sont suivis en se souhaitant "bonne journée". Si un geste aussi simple qu'un sourire peut suffire à faire passer une bonne journée, qu'en serait-il si on pouvait dire ce qu'on ressent, simplement parce qu'on a envie de le leur dire, aux gens qu'on aime (parents, amis, amoureux)et qu'ils pouvaient en faire de même envers nous. C'est peut-être ça la définition du bonheur? Non?

SABA a dit…

Totalement d'accord avec toi Fouad! Mais toujours est il, il n'est pas facile du tout, voir extremement difficile de surmonter ses peurs, la peur du rejet, de l'indifférence, de l'inconnu, peur de sauter les étapes, d'aller trop vite, trop loin, trop fort, de regretter, de changer d'avis après. Mais qui ne risque rien, n'a rien.

Il ya aussi les pressions sociales, les tabous, les difficultés personnelles à accepter l'Autre et de lui permettre d'acceder à notre monde intime, très intime, profond, complexe et pas très clair..

La c'est la thèse et l'anti thèse. et citon ce bon vieux Williams Shakespeare (bitassarouf :) ) oser ou ne pas oser, telle est la question..

Anonyme a dit…

Je crois que Shakespeare dans ce cas pourrait être paraphrasé par: Truth or dare? lol
Sérieusement oui tu as raison il est très difficile de se livrer. Je pense c'est la raison pour laquelle nous nous livrons graduellement, en fonction de celui ou celle qui est en face, de sa réaction et du degré de confiance que l'on établit avec lui.

SABA a dit…

Je viens de penser à autre chose. Ces signes dont on a parlé toi et moi, ne peuvent être compris et leur sens n'est clair que lorsque l'on connaît assez bien la personne.

Un geste que moi je considère tendre, loving, et clair, n'est pas toujours perçu comme tel par l'Autre. Et vice versa. Ce n'est que lorsque les choses sont claires (ou en partie) que l'on donne aux gestes leur valeur initiale.

Je souris et parle à beaucoup de personnes, mais mes sentiments ne sont pas les mêmes pour tout le monde. J'essaie de faire un effort et dire aux gens spéciaux et qui sont importants pour moi ce que je ressens pour eux. Je verbaliser mes émotions et sentiments. Je me dis, que si jamais il m'arrive quelque chose, mes proches, mes amis, et les personnes qui comptent pour moi sauront que je les apprécie énormément, que j'ai beaucoup d'affection pour elles ou que je les aime, inconditionnellement.

Mais même pour moi, qui suis franche et démonstrative, je n'arrive pas à le faire avec toutes les personnes I care about. Not to use a stronger word. Tu vois. Ce n'est pas facile.