God save the queen ! A midi, ce mercredi 26 mars, sa grâcieuse Majesté la Reine Elisabeth II et son époux le prince Philip accueillent Nicolas Sarkozy et la première Dame de France. Une visite d'Etat « à haut risque » : à communauté d'intérêts, opposition de style. Les prochaines heures apporteront une réponse à la question qui est sur toutes les lèvres : le couple présidentiel le plus « spectaculaire » saura-t-il se plier à la sobriété du protocole royal ?
Nicolas SarkozyPas touche ! S'il est un comportement que les sujets de la Reine ne goûtent guère, c'est bien que l'on ose toucher leur royale majesté. Et les impairs des prédécesseurs de Nicolas Sarkozy, aussi légers puissent-ils sembler au regard de la culture française, sont restés gravés comme autant de crimes de lèse-majesté dans les smémoires : Georges Pompidou en 1972, et Jacques Chirac en 2004, s'étaient risqués à un brin de familiarité tout à fait déplacé. Nicolas Sarkozy, pressé de restaurer des relations chaleureuses avec les Britanniques, saura-t-il réfréner ses élans tactiles ? La première rencontre entre un Président qui veut régulièrement trop en faire et une Reine qui exige qu'on ne fasse que ce que les traditions édictent s'annonce... intéressante. On n'ose imaginer que le Président, dans son enthousiasme, vienne à bousculer les habitudes de la Reine, comme il l'a fait ailleurs en Europe, donnant de la bise à Angela Merkel, et du baise-main à Margrethe du Danemark.
L'électrique Nicolas Sarkozy devra donc avoir ses mains à l'œil, pour commencer. Dès l'accueil de la Reine, le salut du chef de l'Etat et la probable poignée de main qui l'accompagnera devront être pondérés. Mais attention : Nicolas Sarkozy devra attendre le signal d'Elisabeth II. C'est elle qui lui tendra la main, non l'inverse. Inutile de jouer de la nonchalance, pas question d'enfoncer les mains dans ses poches : à table, elles seront sagement posées sur les genoux.
Bouche cousue ! De la même façon, Nicolas Sarkozy se devra d' attendre que la Reine engage la conversation. Il conviendra de ne pas monopoliser la parole, de ne pas aborder de sujets personnels ou politiques. Les plaisanteries dont le président est l'auteur en de multiples occasions ne seront pas nécessairement bienvenues cette fois-ci : à moins qu'il ne s'agisse d'humour british, en V.O., et qu'elles restent dans un registre assez strict ! Bien que la famille royale soit particulièrement à l'aise avec la langue française, l'anglais sera de mise.
A propos de mise... Pour ce qui est du dress code, Nicolas Sarkozy se rangera aux exigences du protocole : queue-de-pie imposée (pourvu qu'elle ne traîne pas par terre...), cravate blanche souhaitée... Exit, le col de chemise ouvert. Rien de casual ici. Et l'on se tient droit, autant que possible. Maintien et sobriété, seront les deux maîtres-mots des journées à venir.
Carla Bruni-Sarkozy, reine de l'élégance
La première Dame de France s'est préparée à ce rendez-vous, tout comme les médias britanniques, dans un autre domaine il est vrai, qui publient fort à propos des photos de charme à l'envi. Peu probable que l'hôtesse du couple présidentiel en ait jamais eu de telles dans sa collection personnelle ! Pour l'occasion, Carla Bruni-Sarkozy sera habillée chic et sobre. La hantise de tous les membres du protocole est que son élégance moderne et sa stature ne fassent quelque peu de l'ombre à la Reine engoncée dans un tailleur d'un autre âge. Carla Bruni-Sarkozy a le port aristocratique et elle a troqué sa garde-robe Hermès contre des tenues Dior (clin d'œil au créateur anglais John Galliano) et Chanel, plus appropriées compte tenu des circonstances.
Tous les objectifs guetteront l'instant de la révérence, qui reste un exercice délicat. Carla Bruni-Sarkozy s'inclinera-t-elle devant la Reine d'Angleterre ? Peu de craintes à nourrir côté exécution : la grâce, l'art de la pose et l'habitude des podiums devraient aider.
Gare, enfin, aux maladresses : le quotidien Le Parisien rappelle qu'il serait très mal venu de fumer devant la Reine, dont le père est décédé d'un cancer des poumons.
Pour le reste, suivre posément son époux dans ses obligations, faire un tour en carrosse, telle une princesse de conte de fées à la peau diaphane...
Les 48 heures qui s'annoncent seront consacrées à convaincre une Reine qui, bien que francophile et comptant de nombreux divorces dans sa famille, n'était pas spécialement enthousiaste à l'idée de recevoir ce couple atypique.